PNA Aigle de Bonelli

Plan National d'Actions en faveur de l'aigle de Bonelli

Don de soins a un aiglon © CEN Occitanie
Relachement d'un aigle de Bonelli © CEN Occitanie
Réseau électrique de Bessan © Marine Couronne CEN Occitanie
Aquila fasciata © CEN Occitanie
Aigle de Bonelli (Aquila fasciata)©David Lacaze CEN Occitanie

PROTECTION AIGLE DE BONELLI

 

L’aigle de Bonelli, ou Aquila fasciata, est une espèce d’oiseau, de rapace de proie menacée en France. Cet aigle est crucial pour la biodiversité puisqu’il joue un rôle important dans la régulation des populations de ses proies et est un bon indicateur de la santé des écosystèmes dans lesquels il vit. La France abrite une population fragile de cette espèce, nécessitant des mesures urgentes de conservations.

Un point sur sa reproduction

Dès le début de l’hiver, le couple d’aigles construit ou restaure plusieurs nids sur des falaises protégées. Les nids sont faits de branchages morts entrelacés et de quelques branchages verts. Les accouplements se déroulent de janvier à mars, et la femelle pond 1 ou 2 œufs entre février et mars. L’incubation, qui dure entre 38 et 42 jours, est assurée principalement par la femelle, avec le mâle chassant pour elle et la relayant une à deux fois par jour. Les œufs éclosent entre mars et avril, et les aiglons restent au nid entre 65 et 75 jours. Pendant cette période, le mâle chasse principalement tandis que la femelle nourrit les petits, qui commencent à manger seuls à partir de leur 8e semaine. Les jeunes aiglons s’envolent entre fin mai et début juillet, quittant définitivement le territoire parental entre fin août et mi-septembre pour s’émanciper. Les jeunes entament alors une période d’errance de deux ans, explorant des zones riches en proies, souvent plus au sud, comme la Crau, les plaines languedociennes et la péninsule ibérique.

Un rapace menacé d’extinction

Plusieurs types de menaces sont présents et impactent la préservation de l’espèce.

Une des principales menaces est les réseaux électriques français, qui électrocutent les oiseaux lors de leur passage. Des persécutions comme les tirs, les piégeages et l’empoisonnement sont des facteurs de régression de l’espèce. Les collisions avec les parcs éoliens sont également une menace, les ailes des aigles entrant en collision avec les pales des éoliennes.

Les autres menaces qui pèsent sur l’Aigle de Bonelli sont la trichomonose (parasite qui se développe dans la gorge et le jabot des oiseaux) ou encore le trafic routier.

Enfin, la réduction des espaces d’habitats pour l’espèce ainsi que certains dérangements près des aires de nidification perturbant les cycles de reproduction sont des menaces prises au sérieux pour la préservation de l’Aigle de Bonelli.

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Plusieurs programmes pour sauvegarder l’espèce

Près de 40 ans de suivi et 25 ans de baguage des aigles de Bonelli en France ont permis de mieux comprendre leurs besoins et les facteurs influençant leur évolution. Malgré de nombreuses actions de conservation, y compris deux Plans nationaux de 5 ans, la population française reste fragile. Le Ministère de l’Écologie a donc décidé de renouveler le Plan national d’actions pour 10 ans (2013 – 2023), visant à renforcer la population et à favoriser sa reconquête du territoire en réduisant les menaces et en préservant les habitats. Bien que des individus catalans soient régulièrement intégrés, la population française reste instable et incapable de compenser seule les pertes naturelles ou artificielles, nécessitant la poursuite des efforts de conservation.

L’Aigle de Bonelli, comme tous les grands rapaces, compense son âge de reproduction tardif et sa faible productivité par une grande longévité, rendant l’augmentation de sa population lente, même dans de bonnes conditions. Le Plan s’est concentré sur la réduction des causes de mortalité pour améliorer le taux de survie adulte, nécessitant une analyse à long terme. Ce Plan visait à renforcer la population reproductrice et sa résilience, avec des objectifs spécifiques : réduire les facteurs de mortalité anthropiques, préserver et améliorer l’habitat, organiser la surveillance, améliorer les connaissances, intégrer le Plan dans les politiques publiques, promouvoir l’espèce et coordonner les actions internationales.

L’objectif du Plan sur 10 ans était de consolider la population française d’aigles de Bonelli et d’assurer sa pérennité en atteignant un taux de croissance supérieur à 1, hors immigration et émigration, tout en améliorant la capacité d’accueil des sites vacants. Malgré une productivité comparable aux meilleures populations du nord de l’Espagne, la surmortalité des adultes et des jeunes en France freine leur récupération. Les efforts doivent donc rester concentrés sur la réduction des menaces et la préservation des habitats, compte tenu des résultats positifs obtenus (+ 10 couples en 12 ans).

Aigle de Bonelli © CEN Occitanie

Un bilan positif, et après ?

Après 10 ans de mise en œuvre, le Plan national d’actions en faveur de l’Aigle de Bonelli se termine. Ceci ne signifie pas la fin du PNA, mais plutôt le lancement de la période d’évaluation de ce dernier. La décision de lancer
ensuite un nouveau Plan se basera sur ces conclusions.

Quoiqu’il en soit, nous pouvons nous réjouir des actions conduites ces 10 dernières années qui ont vu passer la population française de l’Aigle de Bonelli de 32 à 47 couples (14 à 18 en Occitanie, 16 à 25 en PACA et 2 à 4 en
Ardèche).

Si nous pouvons nous réjouir de cette trajectoire, essentiellement soutenue par les efforts de neutralisation des lignes électriques à risque et
par les actions des gestionnaires de sites (entretien des milieux ouverts et gestion de la fréquentation), force est de constater que les années se suivent sans jamais se ressembler.

L’année 2023 a par exemple été marquée par l’absence de reproduction en Ardèche et 5 adultes cantonnés sur des sites ont été retrouvés morts, ceci du fait d’une forte compétition intraspécifique. En revanche, nous pouvons nous réjouir de l’installation d’un nouveau couple dans les Pyrénées-Orientales qui est peut-être les prémices à une reconquête tant attendue du corridor avec la Catalogne.

A noter également la poursuite de la démarche de conventionnement avec les différents services de l’état et des usagers dans le cadre de l’outil
Géomatika, qui permet un accès aux zones de sensibilité majeure des espèces de rapaces à enjeux. Les travaux se poursuivent avec Enedis pour réduire le risque d’électrocution.

La mise en œuvre du PNA est rendue possible par la forte mobilisation du réseau des partenaires, que nous remercions chaleureusement.

 

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